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Libération
Critique

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«En cavale», documentaire de Joseph Beauregard et de Jean-Stéphane Bron. Arte, dimanche, 22 h 30.
publié le 28 avril 2001 à 0h36

Tous les cinq, ils ont eu leur tête sur des avis de recherche et ont vécu des années en cavale. Ils racontent. «Foisonnant et romanesque, enlacé entre le mythe et la réalité, le thème de la fuite en avant, de l'évasion à tout prix, de la disparition sociale, de la clandestinité quotidienne me tourmentait depuis longtemps l'esprit et le corps», explique Joseph Beauregard qui les a choisis et longuement rencontrés. On peut difficilement imaginer troupe plus bigarrée, destins plus singuliers.

Il y a l'ex-braqueur patenté, André Pauly, devant le mur d'enceinte d'une prison qu'il escalada un jour avec un compère d'évasion: «Là, t'as le grand frisson. T'es médaillé d'or là-haut. T'es sur la plus haute marche.» L'exilé politique italien, Cesare Battisti (Libération du 27 avril), qui pose d'emblée le sujet: «En 1976, je m'engage dans les mouvements révolutionnaires italiens, dans l'organisation Prolétaires armés pour le communisme.» L'inclassable Suisse, Daniel Bloch. Celui-là est le seul à témoigner depuis une cellule de prison, et il balance dans un sourire: «Pour moi tout allait bien. J'étais programmé pour être un bon petit Suisse, cadre moyen voire supérieur.» L'ex-enfant des cités du Val-Fourré, Yasid Kherfi, situe le début d'une cavalcade effrénée: «Un été, je m'emmerdais comme d'habitude. Quand un copain est passé dans une R30 volée et m'a proposé de partir sur la Côte d'Azur.» Enfin, Jean-Claude Pirotte, né dans la grande bourgeoisie de Namur, fut un avocat prospère pendant