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Libération
Critique

Train-train social.

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«Les Voies du paradis». France 3, samedi, 20 h 40.
publié le 28 avril 2001 à 0h36

En ces temps-là, les «roulants» n'étaient pas tant préoccupés par la retraite à 55 ans que par la disparition de la micheline à vapeur. Le ciel est bas et aveuglant, la lumière blafarde, presque bleutée. On est en 1961, parmi les camarades cheminots de Vierzon. De grands gaillards en salopette, à la poignée de main franche et aux yeux humides quand leur loco part au rebut. Difficile dans ce contexte de ne pas tomber dans le couplet nostalgico-niais: «Il n'y aura bientôt plus personne qui saura comment marche cette bestiole», affirme le beau métallo Robert (Jean-Yves Berteloot), des trémolos dans la voix. «Ça s'appelle le progrès, ça, Robert.» Le refrain on-n'a-pas-la-vie-facile-mais-on-a-notre-fierté («La vie c'est con, mais il faut la vivre jusqu'au bout, comme un homme.») et l'air parano du «tous pourris» («On flique les journalistes, les partis, les hommes politiques, menace un policier infiltré parmi les grévistes. On travaille pour l'administration, la place Beauvau. On a des dossiers sur tout le monde.») De la grève, on ne verra presque rien. Pas de quoi deviner que ce fut l'une des plus dures de l'histoire de la SNCF. Le coeur du problème, c'est Robert qui tombe amoureux d'une institutrice rapatriée d'Algérie (Fabienne Babe) et, par un malencontreux hasard, écrase sa femme (Odile Roire) sous les roues de sa micheline. Il culpabilise, son fils aussi. Mais les cheminots ont leur philosophie: «C'est comme un engrenage, comme des pignons, dit l'un deux. T'es qu'un pignon,