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Libération
Critique

Gentleman Jim.

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TCM. 16 h 50.
publié le 3 mai 2001 à 0h45

Il s'était approché de Claire et avait glissé la main sous son t shirt. Elle avait sursauté. Bien fait pour lui, elle venait l'entendre parler de cinéma, pas se faire tripoter les seins. Il se mit à lui parler doucement, en détachant chaque mot comme s'il l'effeuillait.

­ Rien n'est plus éloigné de l'égoïsme que le cinéma de Walsh. Il peut être prétentieux, bougon, mais jamais égoïste. Prends Gentleman Jim, l'histoire célébrissime du boxeur Jim Corbett. Ce type-là, il donne, il prend (dans la figure, qu'est-ce qu'il prend), l'égoïsme, il connaît pas. Errol Flynn lui donne une élégance à la fois charnelle et spirituelle, sensuelle et abstraite, une élégance où la peau, la texture de la peau, est aussi importante que la coupe des vêtements, le drapé.

­ A t'entendre, on croirait qu'il le filme comme une fille, Errol Flynn ?

­ Ça t'embêterait, Claire. Qu'un séducteur comme Errol Flynn, un macho, un dragueur, puisse être véritablement dragqueenisé par la transparence rêveuse de la photo de Sid Hickox, tu as du mal à encaisser. Les hommes, les vrais, ils ont bien le droit de se parfumer, non ? Tu mets quoi, toi, comme parfum ? Un truc Guerlain, je suis sûr.

­ Tu avais promis de m'expliquer la différence entre Raging Bull et Gentleman Jim, pas de me souffler dans le cou comme une jument en chaleur.

­ Dans Gentleman Jim, tu vois, on ne cherche jamais à faire vrai. On tourne autour du mythe, les plans sont comme un jeu de jambes léger, aérien. Jim rêve de jouer Shakespeare, Jake rêve de r