Il s'était approché de Claire et avait glissé la main sous son t shirt. Elle avait sursauté. Bien fait pour lui, elle venait l'entendre parler de cinéma, pas se faire tripoter les seins. Il se mit à lui parler doucement, en détachant chaque mot comme s'il l'effeuillait.
Rien n'est plus éloigné de l'égoïsme que le cinéma de Walsh. Il peut être prétentieux, bougon, mais jamais égoïste. Prends Gentleman Jim, l'histoire célébrissime du boxeur Jim Corbett. Ce type-là, il donne, il prend (dans la figure, qu'est-ce qu'il prend), l'égoïsme, il connaît pas. Errol Flynn lui donne une élégance à la fois charnelle et spirituelle, sensuelle et abstraite, une élégance où la peau, la texture de la peau, est aussi importante que la coupe des vêtements, le drapé.
A t'entendre, on croirait qu'il le filme comme une fille, Errol Flynn ?
Ça t'embêterait, Claire. Qu'un séducteur comme Errol Flynn, un macho, un dragueur, puisse être véritablement dragqueenisé par la transparence rêveuse de la photo de Sid Hickox, tu as du mal à encaisser. Les hommes, les vrais, ils ont bien le droit de se parfumer, non ? Tu mets quoi, toi, comme parfum ? Un truc Guerlain, je suis sûr.
Tu avais promis de m'expliquer la différence entre Raging Bull et Gentleman Jim, pas de me souffler dans le cou comme une jument en chaleur.
Dans Gentleman Jim, tu vois, on ne cherche jamais à faire vrai. On tourne autour du mythe, les plans sont comme un jeu de jambes léger, aérien. Jim rêve de jouer Shakespeare, Jake rêve de r