Imaginez un vieux chef d'Etat filmé au soir de sa vie de pouvoir avec l'assurance que ses propos ne seront diffusés qu'après sa mort. C'est à cette forme de voyeurisme qu'invite le documentaire en cinq épisodes où Jean-Pierre Elkabbach confesse François Mitterrand. Son premier volet est programmé ce soir. Les amateurs de révélations n'en risquent pas moins la déception. Pas spécialement du genre à s'exprimer à coeur ouvert, l'ancien président de la République ne se départ pas de sa solide méfiance et use d'une prudence allusive. Cette retenue même frappera le téléspectateur. Mitterrand y apparaît comme un étrange monstre froid qui commente avec tranquillité, le soir venu et du fond de sa bibliothèque, les péripéties d'une vie politique sur laquelle il promène un regard désabusé. Ses commentaires sur le suicide de Pierre Bérégovoy sont crûment révélateurs d'une «distance» qui a protégé cet exceptionnel animal politique dans les pires épreuves.
C'est dire si le spectacle offert par France 2 suppose quelque effort d'attention pour être apprécié. Les Conversations avec un Président traitent des événements survenus entre le printemps 1993, date de début des enregistrements, et l'automne 1994, lorsque la maladie présidentielle rendit l'exercice impossible. Le plan chronologique alourdit un peu le document, même si des extraits d'archives viennent à la rescousse de la mémoire défaillante du téléspectateur. Ce long voyage dans le temps constitue cependant un étonnant témoignage sur l