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Libération
Critique

L'esclave libre.

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TCM, 5 h 30.
publié le 7 mai 2001 à 0h48

Elle aimait son père. Elle l'aimait trop. Il la faisait sauter sur ses genoux, il lui disait des mots doux, des mots tendres. Elle pensait que c'était cool. Dans le Sud, le grand Sud, on pense toujours que tout est cool. Son nom d'actrice, quand elle serait grande, ce serait Yvonne de Carlo. Mais elle avait 9 ans, pas plus. Le temps ne pressait pas, elle n'avait pas hâte de se transformer en séductrice tremblante, en Yvonne de Carlo. Ses fesses rebondies, ses lèvres charnues, ses épaules fermes, ses seins opulents, elle avait le temps de les voir pousser. De toutes façons, ses charmes à venir l'auraient gênée, elle se serait sentie mal à l'aise sur les genoux de son père. Sa poitrine aurait tressailli quand il lui aurait tapoté les joues. C'était trop tôt, définitivement trop tôt.

­ Là, tu décris le début de l'Esclave libre, c'est ça. C'est l'ouverture, non?

­ Claire, tu lis en moi comme dans un livre. Tu n'as pas encore vu le film, pourtant.

­ Tu en rêves la nuit, mon amour, tu en parles la nuit. La nuit, c'est fou ce que tu parles. L'esclave libre, je le connais mieux que si je l'avais vu. J'ai juste envie, comme un besoin pressant, une envie de faire pipi, une envie de fillette, de voir Clark Gable à la fin quand il la serre dans ses bras. Ça doit être à mourir, non?

­ C'est ça, c'est exactement ça. Lui, il meurt pour l'avoir. Elle, elle meurt pour être à lui. Ils ne meurent pas de mort réelle, ce n'est pas High Sierra, ici il faut un happy end, un vrai. La mort symbolique, c