En 1967, Louis Malle part en Inde faire le VRP du cinéma français à la demande du Quai d'Orsay. Fasciné par le pays et la civilisation hindouiste qu'il découvre, le réalisateur du Feu follet repart à Bombay début janvier 1968 accompagné d'un cameraman et d'un preneur de son. Tout là-bas «est si éloigné de ce qui nous semble normal en Occident, expliquait Malle après coup à Philip French (1), qu'un tel voyage est une constante provocation pour l'esprit et le coeur. Aussi, au lieu de perdre mon temps à essayer de comprendre, je me suis contenté de me promener dans le pays et de laisser les choses venir à moi». Le cinéaste «s'immerge» donc dans le subcontinent pendant près de six mois. A l'arrivée, un film, Calcutta (diffusé sur Planète vendredi à 20 h 30 dans le cadre du cycle consacré au réalisateur), et une série télévisée de six heures à rebours de tous les clichés touristiques et politiques sur l'Inde. Soit huit heures de film qui confirment que Louis Malle, cinéaste surestimé pour ses oeuvres de fiction, était un documentariste de premier ordre. A travers ce cinéma d'observation, le réalisateur fait part avec beaucoup d'humilité de son admiration mais aussi de ses doutes et de son incompréhension face à ce qui l'entoure. Les élites indiennes «occidentalisées» goûtèrent fort peu ce «cinéma-vérité», qui selon elles, ne montrait du pays que ses mendiants: la BBC ayant diffusé la série, tout son personnel à New Delhi fut expulsé, tandis que des députés indiens demandèrent l'e
Critique
Le Malle des Indes.
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par Samuel DOUHAIRE
publié le 8 mai 2001 à 0h48
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