Le problème de Manpower, c'est Marlène Dietrich. Cette femme, c'est pas une femme. Une BD kitsch rendait bien cette improbabilité transgenre, cette queerisation précoce, en racontant Morocco de Sternberg du point de vue d'un travelo, Gary Cooper, et d'une gouine, Marlène. ça fonctionnait, c'était mignon. Dix ans après Manpower, Marlène rendra tout aussi improbable Stagefright, Hitchcock ne réussissant pas, mais alors pas du tout, à la gracekellyser. Marlène, femme fatale, caricature de femme, qu'est-ce qu'un chaud lapin comme Walsh allait pouvoir en faire dans le lit de son cinéma?
Ça y est, tu recommences. Arrête avec ça, Walsh n'a pas passé sa vie à pister les femmes comme un obsédé. Tu disais toi-même qu'il préférait les chevaux.
Tu écoutes mal, Claire. Je disais qu'il préférait les chevaux au cinéma. Les femmes, le cinéma, je sais que tu es encore petite, mais c'est pas pareil.
Pour Sternberg, Marlène était l'incarnation de la femme, non? Elle était sublime, non? Et puis, Gabin, elle lui faisait des petits plats, comme toute femme amoureuse qui se respecte?
Tu confonds la vie et le cinéma. Regarde sous ta culotte, le petit oiseau va sortir.
Mets pas tes mains, t'es dégoûtant, je déteste quand tu es comme ça. Et avec Welles, en vieille pute, dans la Soif du mal, elle était pas mal, la Dietrich?
Sublime, elle était sublime. Presque aussi parfaite que dans Angel de Lubitsch. Mais son plus grand film, si j'étais méchant, je dirais son seul grand film, c'est Rancho Noto