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Libération
Critique

James Ellroy, la mort dans l'âme.

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«Droits d'auteurs, Spécial James Ellroy», présenté par Frédéric Ferney. La Cinquième, dimanche à 11 h.
publié le 12 mai 2001 à 0h51

Il a voté pour George W. Bush à qui il reconnaît une intelligence limitée et bien peu de charisme. Il a voté pour George W. Bush afin de ne pas cautionner les perfidies de Clinton, un «prédateur sexuel qui a déshonoré la fonction présidentielle» et débute l'entretien avec Frédéric Ferney par: «Je suis marié, protestant. En fait, je suis un heureux citoyen ordinaire du Middle West américain...» Lee Earle «James» Ellroy, comparé parfois à Dostoïevski, avec sa moustache et ses petites lunettes rondes, a tout du beauf. Un molosse, croisement de Rapetout et de chien errant. Depuis la sortie en mars dernier d'American Death Trip, tome II de son épopée stigmatisant la culpabilité américaine, Underworld USA, il a rodé son discours promotionnel. Las, s'il pouvait s'enfouir sous sa casquette pour ne pas entendre les clabauderies de Ferney, lévrier aristo qui, de toute façon, ne peut comprendre ses tourments de «grand écrivain»... Sur les capitons parisiens de l'hôtel Costes, il consent à donner la réplique au freluquet. Proclame, n'en déplaise à ceux qui préfèrent ses romans noirs à sa fresque historico-politique débutée avec American Tabloïd, avoir renoncé définitivement au polar. Il lui préfère «l'infrastructure intime des grands événements de son pays», et son rôle de procureur immunisé par la fiction. Ellroy dégaine ses citations. «Seul le sang fait tourner les roues de l'histoire.» De qui la prose belliqueuse? «De Mussolini». Une aubaine pour Ferney qui s'engouffre dans le passé