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Libération
Critique

Le bon vieux temps du général.

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«Algérie, c'était la guerre», entretiens avec le général Aussaresses, de Pierre-André Boutang, Annabelle Le Doeuf, Claude Ribbe. Histoire, 21 heures.
publié le 14 mai 2001 à 0h52

Si Dieu lui prête encore quelques années de lucidité, le général Aussaresses (83 ans) racontera sans doute ses exploits médiatiques avec la même jubilation que ses souvenirs de guerre. Lui qui aurait pû emporter dans la tombe le récit de ses «exploits» s'affiche désormais à la une des journaux et en pile dans les librairies (Libération du 4 mai). Le voici désormais à la télé avec deux heures d'entretien sur la chaîne Histoire (1), réalisées entre février et avril derniers.

C'est formidable. D'abord parce qu'Aussaresses est exactement le contraire de ce qu'il affirme être ­ «une barbouze glaciale». On sait désormais qu'il a tué et torturé et qu'il ne le regrette pas. Mais qui est-il? Un vieux monsieur malin comme un singe. Un lettré qui cite Péguy et s'exprime comme un charretier: «Bordel de Dieu, j'en avais rien à branler...» La torture: «On lui foutait une branlée. Quelque chose de bien!» Plus vrai que nature.

Pierre-André Boutang, qui le questionne ­ si l'on ose dire ­ , tente de lui faire avouer ses péchés comme un prêtre arrachant la confession d'un collégien onaniste: «Alors, vous en avez liquidé combien de types? C'était vraiment un escadron de la mort que vous dirigiez?» Le général sourit, telle une jeune fille effarouchée par un compliment. Et répond «oui», parfaitement dans son rôle d'odieux. Quant au progrès du savoir historique, on n'en apprendra guère plus que ce qui s'étale déjà partout. Le plus ennuyeux est qu'il est impossible de faire la part du vrai et de l'af