Il est un vingtième anniversaire que bien peu, hors Irlande, ont célébré cette année. Le 1er mars 1981, à la prison de Long Kesh près de Belfast, Bobby Sands, militant de l'IRA, prend la tête d'une grève de la faim. Il a cinq revendications, allant du droit de porter des vêtements civils à la possibilité de circuler librement dans le camp. Bobby Sands est officier républicain, porte-parole de l'IRA. Avec lui dans cette même bataille de statut, la totalité des détenus nationalistes d'Irlande du Nord. En 1998, Sonia Nic Giolla Easbuig, réalisatrice irlandaise, décide de raconter leur calvaire. Et choisit quatre survivants de la grève pour le faire. Pour la première fois donc, avec ce documentaire, c'est la mémoire même de l'intérieur de la prison qui nous est rapportée. On se souvient alors qu'avant le jeûne de Sands, pendant quatre ans, refusant l'uniforme des droits communs, des centaines de détenus républicains ont vécu nus sous leur couverture de lit. Privés de toilettes en représailles, ils ont étalé leur merde sur les murs des cellules pendant deux années encore, pissant sur le sol, seuls, sans visite, sans contact. Sands, 26 ans, élu député à Westminster durant sa détention, meurt le 5 mai 1981. Thatcher n'a pas cédé. Puis Hughes meurt, puis McCreesh, puis O'Hara, puis cinq autres encore. A peine plus de 20 ans, des gamins. A l'heure où Sinn Féin est aux affaires, où d'anciens membres de l'IRA sont conseillers municipaux ou ministre d'Irlande du Nord, Aux portes de la m
Critique
La faim de Bobby Sands.
Article réservé aux abonnés
par Sorj CHALANDON
publié le 15 mai 2001 à 0h52
Dans la même rubrique