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Libération
Critique

Viva Zapata.

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Paris Première, 21 h.
publié le 15 mai 2001 à 0h52

«Faites attention à mon cheval. Il a flairé une jument: il est d'humeur instable. Moi aussi.» Zapata est un hombre. Un paysan illettré qui a le sens du proverbe: «Singe en soirée reste singe. Celle qui naît belle naît mariée.» Qui baragouine dans son double menton naissant (Zapata est Marlon Brando), droit sur son cheval, la moue sous la moustache et le sombrero. Dans le film de Kazan, les femmes (Jean Peters en tête) jouent les fières mais raffolent des belles brutes et des machos incultes. Les chevauchées dans les champs de maïs sont exaltantes, les paysans révolutionnaires, valeureux et justes, les adieux, pathétiques et déchirants. Pas le temps de reprendre son souffle, de finir une danse, on croise le traditionnel prisonnier qu'on traîne corde au cou à un cheval, la fameuse traînée de poudre qui s'enflamme avant de faire exploser le baril de dynamite, les traîtres qui ne regardent pas droit dans les yeux.

Alors viennent les scènes terribles, celles de l'après-révolution. Celle de l'exécution du président Madero, glissant dans la boue, lissant dignement sa cravate puis lançant, pitoyable, à ses bourreaux: «C'est mal de faire cela», les yeux exorbités, s'étranglant à moitié. Les anciens guerriers valeureux deviennent lâches ou alcooliques. Il faut se résoudre à abattre les vieux amis de combat. Zapata n'a plus le goût des proverbes.

«Steinbeck [le scénariste de Viva Zapata] et moi cherchions une façon d'exprimer ce que c'était d'être de gauche tout en étant antistalinien»,