Depuis six mois qu'il en appelait au pluralisme de la presse, à la nécessaire survie des journaux d'opinion, Patrick Le Hyaric, patron de l'Humanité, confronté à la perte abyssale de 50 millions de francs en l'an 2000, a réussi à ferrer quelques gros poissons antinoyade.
30 millions de francs. Les nouveaux amis du quotidien de Jean Jaurès s'appellent désormais: TF1 (à hauteur de 8 millions de francs), Hachette (8 millions de francs), Caisse d'épargne (5 millions de francs), sachant que d'autres sauveurs préfèrent attendre samedi et les assises du journal pour se faire connaître (Vivendi, la Poste et EDF, qui avaient été contactés, ayant, paraît-il, déclaré forfait).
Le quotidien devrait en tout cas bénéficier d'une manne de 30 millions de francs. Nom de code de cette opération: «Ship», pour «Société humanité investissement et pluralisme», qui détiendra désormais 20 % du capital du journal aux côtés de la société des Amis de l'Humanité (les anciens, présidée par Edmonde Charles-Roux, 10 %), de la société du personnel (10 %), des lecteurs (20 %)... Le reste, soit 40 %, restant entre les mains de l'actionnaire de référence, traduire historique, bref, le Parti communiste français. «On se laïcise, résume Le Hyaric, évidemment, c'est un changement majeur. Mais je précise que personne ne nous a demandé un droit de regard sur le contenu éditorial. Nous continuerons à faire un journal communiste, dans le bon sens du terme.»
Après avoir failli tomber dans un gouffre, l'Huma aurait-elle f