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Libération
Critique

Naître en Russie.

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«I Love You Natasha», de Kurt Bergmark, Käge Jonsson et Hakan Pieniowski, Arte, 22 h 25.
publié le 18 mai 2001 à 0h54

Maternité de Staraïa Russia, une petit ville non loin de Novgorod: laisser ses idées reçues sur l'accouchement à la porte du bloc. Car ce documentaire suédois (prix Italia 2000) nous replonge en 1900, question confort et technique. Par séquences tournantes, sans commentaires, on suit une dizaine de parturientes partageant chambrées sommaires, bouffe nulle et appréhensions pré-Grand Moment. Selon leur condition, on sent le bonheur ou le désespoir. Livrées à elles-mêmes, elles se lisent des poèmes ou tremblent un peu: pourvu que le petit soit normal! Et, ensuite, pourvu qu'il échappe à la drogue, la violence, les gangs... En attendant, beaucoup fument, sont anémiées, édentées! Quant aux hommes... il n'y a qu'un infirmier (chevelu) et, étrangement, les jeunes pères sont relégués dehors, avec la famille, attendant que leur épouse expose les chérubins à la fenêtre, trop embarrassés pour déclamer autre chose que: «Je t'aime Natasha [ou Alina...].» L'essentiel, en fait. Médecin-chef énergique et infirmières carrées s'affairent dans un souci d'hygiène constant ­ scène hallucinante où les gants chirurgicaux, à usage unique en Occident, mais ici tout collants d'avoir dû être lavés après des dizaines d'accouchements. Les moments durs, comme cette procédure d'abandon rédigée sous la dictée par une jeune mère retardée qui ne mesure pas la portée de son geste, sont adoucis par le bonheur de mamans parlant à leurs bébés enfouis dans leurs langes ­ «On est des Tchétchènes, on tiendra le cou