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Libération

«Vu les cas sociaux qu'on est».

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publié le 18 mai 2001 à 0h54

Des lentilles de couleurs, le gel impeccable, c'est Steevy, 21 ans. Steevy qui se moque bien qu'on le prenne «pour un pédé», lui qui en pince pour les filles «dans la vie», et pour Loana et Laure dans la vitre. Steevy, c'est le gars qui a un rêve gros comme ça: «Etre présentateur météo». Steevy, c'est le fan absolu de Mylène Farmer, le serveur viré de Pizza Pie, le gamin qui suce son pouce et serre son âne en peluche, le post-ado libre comme le vide. Steevy, c'est celui qui s'inquiète pour son dossier à la CAF, qui rit sans joie ­ «vu les cas sociaux qu'on est, je suis sûr que c'est un méga succès» ­, c'est le garçon à la voix fluette qui, devant le sas des exclus, le jeudi soir, crie à la foule «ovation», et pleure mieux qu'on ne le fait aux Césars. Dans sa mémoire, à jamais, il y aura cette phrase paternelle: «Tu n'es qu'une brêle.» Il avait 12 ans. «C'est simple, j'ai pleuré, "tu n'es qu'une brêle", c'était ses mots.» Depuis, Super Chouchou en est là. A courir dans ses chaussons jaune-peluche contre l'affront du père. A traquer un peu de lumière entre le salon de coiffure des copains du Mans et le bar-discothèque de son patron. «Présentateur météo»? Merde, qui rêve de faire ça? Surtout, ne pas se moquer. Ne pas jouer les grands frères (Big Brother s'en charge assez comme ça). Juste prendre ça en pleine figure: l'envie banale de célébrité banale. Mercredi soir, coup de génie de la part des Gepetto d'ASP Endemol: l'organisation des Loft d'or. Le Loft d'or du plus beau souri