La tante Yoyita est revenue. Après cinquante ans d'absence, elle retrouve sa ville natale de Guantánamo, sa nièce Georgina et le vieux Candido, son amour de jeunesse. Les deux sexagénaires se prennent la main, s'effleurent le front... Et Yoyita meurt pour de bon dans les bras d'un Candido désespéré. La tante voulait être enterrée à La Havane. Adolfo, mari de Georgina et bureaucrate castriste relégué aux pompes funèbres, voit là l'occasion de tester son projet de relais funéraire interurbain... Au pas derrière le corbillard, la douce Georgina, le bon Candido (c'est désormais une tradition, les vieux Cubains se doivent d'être vifs et attendrissants) et le rigide Adolfo croiseront touristes et caméscopes, femme sur le point d'accoucher et garde-barrière nymphomane, Cubains débrouillards et paladars (restaurants clandestins)...
L'intrigue est aussi prévisible que les plans rêvés par Adolfo, l'histoire d'amour entre Georgina et un routier pas franchement révolutionnaire. Mais le film de Tomás Gutiérrez Alea et Juan Carlos Tabio (réalisateurs cubains de Fraise et chocolat), sorti en 1995, vaut pour ce portrait de fonctionnaire ridicule et pitoyable, emblème de l'usure d'un système. Inséparable de sa mallette en cuir, Adolfo parle «planification», «partage du produit social» et «statistiques». Donne des pesos quand le moindre vendeur à la sauvette réclame des dollars. Mène l'expédition comme une manoeuvre militaire, minute chaque étape, tonne contre chaque imprévu, nombreux. Et cont