Nous sommes comme ceux du Loft, obsédés, terrassés. Eux font de la télé; et nous, nous regardons la télé se faire. Plus rien ne sera jamais pareil. TF1 flippe, c'est le New Deal de l'Audimat et, dans le studio d'à côté, il y a le Bigdil qui chancelle. Chez nous, ça ne va pas mieux. On se met à fredonner des chansons-douches débiles («Ma femme me dévalorise / Elle me prend pour Fabrice / Moi qui rêve d'être Aziz», ce genre de sucreries). On se met à interpeller ses proches par des «c'est clair», à voir des Kenza partout, jusque chez les voisins. La baby-sitter n'est pas d'accord, elle croit que c'est utile de voter. Fièvre lofteuse, comme on dit (si bien) au Canard enchaîné. Depuis quand la télé avait-elle été aussi télé ? Depuis quand la petite dame de compagnie avait-elle été aussi puissante, aussi présente ? La télé, c'est ça: du charbon à discussion. Et le Loft fait une excellente locomotive. Et puis, voilà, dimanche, 21 h 50, Jean-Edouard pleure. Sa mère vient de lui rendre visite. Son grand-père est mort. Plan séquence interminable. Jean-Edouard qui raconte la bataille de Dunkerque du grand-père. Jean-Edouard qui parle de la production, qui lui a laissé le choix de partir. Jean-Edouard, son mouchoir et ses vêtements frappés de l'oeil Loft Story. Jean-Edouard et cette phrase qu'il répète à l'envi: «Aux infirmières, mon grand-père disait: "Regardez mon petit-fils, il est acteur".» Jean-Edouard qui parle de cette hospitalisation dont il ignorait tout alors que nous, privil
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