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Libération
Critique

L'Ennui.

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Sophie Guillemin et Charles Berling.
publié le 23 mai 2001 à 0h57

Il y a plusieurs commencements au troisième film de Cédric Kahn. Des fausses routes: «J'ai toujours su que je me tuerais en voiture», dit Martin dès les premiers instants de l'Ennui. Et de vraies pistes: Martin (Charles Berling), donc, est un philosophe qui s'ennuie, un dépressif qui veut sublimer. «J'ai renoncé à faire l'amour. Freud l'explique très bien: un type qui n'atteint pas la sublimation n'est qu'un pauvre type, un aliéné avec un sexe énorme et tyrannique et un cerveau minuscule et impuissant.» Mais l'abstinence rend le prof irascible, qui mate la sortie des peep-shows, rencontre un peintre sur le point de mourir (joué par le réalisateur Robert Kramer), puis la jeune Cécilia (Sophie Guillemin), son modèle, sa maîtresse. Elle lui raconte ses ébats avec le vieux peintre, il s'engouffre dans les pas de l'homme et bascule à son tour dans la passion. Cédric Kahn adapte en 1998 et avec une grande liberté le roman de Moravia (publié en 1960), ajoute des personnages (l'ex-femme de Martin, Arielle Dombasle) et fait glisser l'intrigue de l'Italie à Paris, des années 60 à aujourd'hui.

Martin, drôle de personnage de plus en plus tragique, pose les questions, veut fixer les règles, ravale Cécilia au rang de pute. Elle accepte, elle répond, elle acquiesce, elle s'offre à lui. Elle le domine. Parce qu'elle est insondable et qu'il veut la comprendre. Parce qu'elle est opaque et qu'il veut la posséder. «Tu ne sembles pas ce genre de femme qui puisse inspirer une passion pareille. Tu