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Libération
Critique

Bébés en souffrance

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«Et si c'était le mien», de Richard Puech et Claire Lajeunie. Dimanche, France 2, 23 h 20.
publié le 26 mai 2001 à 0h59

Ceux qui ont laissé intacte la chambre de leur fils ne regarderont pas ce document. Ceux qui entendront crisser à vie les freins du chauffard qui a tué leur bébé ne regarderont pas ce document. On les comprend, car il faut presque se faire violence pour dépasser la première scène du film de Richard Puech et Claire Lajeunie : un petit corps gris, inconscient, sur un brancard, est pris en charge par l'unité d'urgence pédiatrique de l'hôpital Necker. Williams, dix-huit mois, est passé par la fenêtre de sa chambre. Une chute de quinze mètres. La première de la journée pour une équipe à l'incroyable dévouement qui accueille trois cent cinquante polytraumatisés par an. Presque un par jour. Parmi eux, cent cinquante enfants battus. Sans jamais céder de terrain au sensationnalisme, la caméra suit le quotidien d'une famille médicale où personne, quelle que soit son expérience, n'est jamais assez blindé pour éviter la projection. «Et si c'était le mien ?» Cette question, de l'infirmière à la psychologue, du chirurgien au réanimateur, tous se la sont posée. Impossible d'enregistrer dans l'indifférence la mort d'un enfant. Alors, par pudeur, pour canaliser sa souffrance, le docteur Meyer pique une colère contre les formulaires tatillons de l'Assistance publique. Ou va s'en griller une pour trouver la force d'annoncer, pour la deuxième fois de la matinée, à des parents qui espéraient encore, qu'il n'a rien pu faire. Un certain silence. Une grande impuissance. «Il y a des jours où on se d