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Critique

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«Une autre route», de Sabrina Malek et Arnaud Soulier, Arte, 20h45.
publié le 19 juin 2001 à 1h17

«Ado, j'y ai trouvé ma place. J'avais des facilités d'intégration.» Béru, alias Loïc Serueil, ex-routard, ex-zonard, dont l'ancien signalement collait avec tous les qualificatifs qui se terminent en (h)ard, parle de la rue, des squats. A 32 ans, sa mémoire s'y arrête, sans s'attarder. Plus le temps. Dans le sillage de sa compagne, Virginie, son énergie, son «câble» qui le retient à Niort, l'heure est à la réinsertion. Intelligence d'une caméra qui ne se noie ni dans une seringue ni dans les bayous familiaux. Et préfère apprécier le chemin que Laïd, Sandra, Gwendal, Virginie et Béru ont encore à parcourir pour condamner cette porte qui ne donnait que sur la rue. Elle montre qu'il ne leur suffit pas de vouloir «se fondre dans le moule» pour le remplir complètement. Parce que leurs transhumances les ont marqués. «Une cure de désintox et un dentier, je l'ai peut-être cherché, mais c'est cher payer à 25 balais», déplore Laïd. Parce qu'il leur faut assimiler en accéléré des codes plus civils. Gwendal: «On a du mal à trouver nos marques. Tu as constamment l'impression d'être un cas social quand tu n'as que les services sociaux pour t'écouter.» Et sa compagne, Sandra, de se demander quel est le monde le plus violent. Un monde étranger à Béru, même s'il s'est cru obligé d'y faire allégeance, avant de comprendre, même avec ce niveau cinquième dont il n'a plus honte, qu'on ne le regarderait jamais d'un oeil ordinaire. Car, décidément non, les braves gens n'aiment pas que l'on suive une