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Libération
Critique

L'ami américain.

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«Bruce Springsteen, l'interview», Canal +, 19 h 15 (en clair), et «Bruce Springsteen, live in New York», Canal +, 22 h 25 (en crypté).
publié le 19 juin 2001 à 1h17

Il sue son rêve de gosse. Ses yeux semblent ne regarder nulle part, si ce n'est en lui, du côté de ses souvenirs, de ses idoles, de ses mythes en lambeaux. «Tu montes sur scène pour la même raison qui t'a fait prendre une guitare à 15 ans. Ce sont les mêmes désirs, les mêmes manques», dit Bruce Springsteen. Y croiront ceux qui le connaissent et qui ne manqueront pas l'interview. Assis en face de lui, Antoine de Caunes a le sourire de ce qu'il est, un vieux fan veinard. Springsteen a les mots d'un rescapé. «Mes héros ont accompli des choses merveilleuses et aussi commis des erreurs tragiques. Je les ai étudiés de très près, c'est comme si j'avais passé un diplôme d'histoire du rock. Ne pas reproduire telle erreur, ne pas tomber dans tel piège, garder un point de vue sincère et cohérent qui supporte l'épreuve du temps.» Il a connu le mégasuccès planétaire, qui l'a fait passer pour un produit d'exportation born in the USA, connu l'argent, où se noient tant de paroles rock et rebelles, connu la séparation du groupe mythique, le E-street band. Il a aussi connu le doute ­ mis en chanson ­, les retrouvailles, la paternité, la cinquantaine. Il a tenu. Il sue son rêve de gosse. Et peut dire: «Je n'ai jamais mieux chanté que maintenant.»

Démonstration toute en transpiration, avec la diffusion du concert donné l'an dernier au Madison Square Garden de New York. Visage tordu par des mots qui viennent de loin. Cou gonflé à bloc pour laisser monter une voix qui a gagné et dans l'aigu et dan