Sans Rossellini, Pasolini n'aurait jamais existé. En tout cas, il n'aurait pas fait de films. «ça me fait une belle jambe», pense Paul, qui ne se sent pas théologien pour un rond. Il devine que derrière ce cinéma bavard, ce cinéma de la parole, quelque chose de religieux se profile qui ne lui dit rien qui vaille. C'est comme ça, les beaux parleurs n'aiment pas qu'on s'intéresse à la parole, à la vibration des mots sous la langue. Ils pensent que la langue, ce n'est pas fait pour ça. Comme Paul est un beau parleur, il ne fréquente que les films d'action, ces trucs où le héros emballe sans ouvrir la bouche. C'est du moins ce qu'il croit, Paul. Il faut bien croire à quelque chose. Là, pourtant, il se trompe. Rien de plus bavard que les films américains, rien de plus lent. Même les films rapides, aux USA, ils sont lents. Tout ça pour dire que Rossellini, comme Pasolini après lui, filme des gens qui parlent comme s'ils se battaient en duel. Les mots, les armes, quelle différence? Les mots, les larmes, une seule et même mer où le sel s'accroche à la peau, colle aux lèvres.
Dans Onze Fioretti de François d'Assise, il s'agit du bonheur. La parole est ce qui rend à Dieu ce qui lui appartient de toute éternité, en toute simplicité. Il y a peu de films où l'homme parle à Dieu, avec Dieu. On a l'air con quand on dit ça, mais pourquoi laisser aux curés l'exclusivité des belles choses? Les films où l'homme s'adresse à Dieu, ce ne sont pas Moïse et Aaron ou les Dix Commandements, deux beaux