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Libération

Journaliste fantôme, profits hollywoodiens.

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Un critique portait aux nues les films de Sony Pictures. Il n'a jamais existé.
publié le 22 juin 2001 à 1h19

Los Angeles correspondance

Si vous voulez être certain d'avoir une bonne critique pour la superproduction hollywoodienne que vous sortez à coups de millions de dollars, ne prenez pas de risques : inventez-vous un journaliste. C'est ce qu'ont fait les responsables du marketing de Columbia Pictures (filiale du studio Sony Pictures).

Un certain David Manning, critique dans un petit journal local, The Ridgefield Press, (hebdo du Connecticut qui tire à 7 500 exemplaires), ne tarissait pas d'éloges sur les «chefs-d'oeuvre» de Columbia : A Knight's Tale («avec l'acteur le plus hot de l'année»), The Animal (avec Rob Reiner), Hollow Man, Vertical Limit... Films par ailleurs devenus tous des succès au box-office. Grâce à Manning ? Les citations du critique de cinéma du Ridgefield Press ont été utilisées pour les affiches des films et les pubs dans les journaux.

Prête-nom. C'est le magazine Newsweek, préparant un article sur les critiques de cinéma, qui a découvert que le fameux David Manning n'existe pas. Ou, plus exactement, qu'il y a bien quelqu'un qui s'appelle David Manning mais qu'il n'est pas critique de cinéma. C'est un vieux copain de collège d'un cadre du marketing de Sony Pictures qui lui a emprunté son nom.

«C'est incroyablement stupide et nous sommes horrifiés», a déclaré un porte-parole de Sony. Le chef du marketing de Sony et son adjoint ont aussitôt été suspendus pour trente jours. Sony a retiré les citations de Manning des affiches de Knight's Tale et d'Animal.

Mais l'affai