Le chaos de Medellin, ses règlements de comptes incessants, ses milices. Partout, les tripes semées par les narcotrafiquants. Une femme raconte: elle était d'une famille de dix-neuf enfants, presque tous les garçons sont morts. L'un, noyé. L'autre, tué par son meilleur ami. Les entrailles d'un troisième, retrouvées loin de son corps, sur les grilles du cimetière. Au milieu de toute cette violence, un prof de lycée, humaniste barbu, résiste. Il harangue sa classe comme si sa vie en dépendait. Son message: oui, on peut se sortir de là.
Dans les cours de cet original, dont la cravate à motifs «tête de mort» semble narguer les cartels, les élèves apprennent la relaxation. Se caressent les oreilles «pour sentir leur forme foetale» et se nettoient l'aura pour que leur environnement immédiat ne les salisse pas. Le prof a demandé à ses élèves de tenir un journal. La chronique de leur famille, un récit à la première personne. «Je veux que mon journal soit un chant d'espoir. Mon histoire aura un ton magique, un air d'harmonie et un souffle nouveau», note dans son cahier Juan Carlos, le plus poète de ces adolescents de Medellin. Une fille écrit sa honte: «Ma mère est rentrée détruite, saoule, sale.»
A travers les cahiers de Miller, Doralba ou Camilo (et malgré un montage qu'on aurait aimé plus rythmé), un autre Medellin se dessine. Humain. L'exploit de Catalina Villar est d'avoir su pénétrer l'intimité de familles méfiantes car très éprouvées. Devant une caméra sans misérabilisme, les fi