Curtis est un couched potatoe, avalant chaque soir des corn flakes fluos marinant dans du lait, affalé devant son émission préférée, le Rex Reuilly Show (un C'est mon choix version trash). Au programme, ce soir: «J'ai couché avec ma mère.» Nathan, son colocataire, a beau inventer les «roues des corvées» comme les «Roues de la fortune», la cuisine ressemble toujours «à un côlon mal irrigué».
Et Curtis (incarné par Don McKellar, également scénariste de cette série créée en 1998) est toujours planté devant le Rex Reuilly Show: «Les animaux ne prennent pas de crack et ne provoquent pas d'émeutes raciales, se lamente le présentateur. J'ai envie de demander: qui sont les vrais animaux?» Applaudissements du public.
Avec humour, Twitch City, série canadienne de six épisodes, parvient à créer une atmosphère fin de programme ou fin du monde (après avoir joué pour Egoyan ou Cronenberg, Don McKellar a réalisé The Last Night, récit d'une apocalypse tranquille), où l'on sent la catastrophe imminente mais toujours inattendue. Nathan sort-il acheter des pâtées pour son chat? Il tue en chemin un clodo (avec ses boîtes à mou) et se retrouve derrière les barreaux. Curtis veut-il louer la chambre laissée libre? Il se retrouve à stocker pour la mafia chinoise des tonnes de gâteaux à l'ananas et aux amandes, étrangement euphorisants... Mais tout glisse devant ses yeux rougis par l'écran, devant sa placidité inhumaine. Du moment qu'il a les reality shows pour se changer d'un quotidien si monotone...