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Libération
Critique

Les trois Flaubert.

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«Radio libre» : «Flaubert : le dada de l'écriture», France Culture, samedi de 13 h 30 à 17 h 30. «Fiction» : «la Légende de saint Julien l'Hospitalier», dimanche de 14 h à 16 h. «Atelier de création radiophonique»: «la Tentation de saint Antoine», dimanche de 22 h 35 à minuit.
publié le 23 juin 2001 à 1h20

«Ce qui me semble beau, ce que je voudrais faire, c'est un livre sur rien, un livre sans attaches extérieures, qui se tiendrait de lui-même par la force interne de son style comme la terre sans être soutenue se tient en l'air.» Ainsi écrivait Flaubert dans une lettre à Louise Colet, sa maîtresse, alors que, écrivain méconnu, il planchait laborieusement sur Madame Bovary. C'est ainsi que débute l'émission de Pierre-Marc de Biasi, qui, durant quatre heures, raconte ce qui l'a conduit à Flaubert: «Cela fait vingt-cinq ans que je suis avec lui, et il me surprend tous les jours.» Un Radio libre qui a fait des petits, puisque, durant deux semaines, une quinzaine d'émissions ausculteront par tous les bouts le père spirituel de Guy de Maupassant. Il y aurait en fait trois Flaubert: celui de ses livres (3 000 pages), celui de ses correspondances, découvertes vers 1910 (4 000 pages), puis celui des manuscrits (30 000 pages), dont la plupart sont inédits, et que l'on commence seulement, depuis les années 80, à classer et à dépouiller. C'est dans ces feuillets difficilement déchiffrables (Flaubert réécrivait entre cinq et vingt fois la même page pour arriver au texte final) que se trouvent cachés les méandres de son écriture. Le problème et la force de Flaubert, selon Pierre-Marc de Biasi, c'est que l'on n'arrive pas à donner une version hégémonique du sens de ses écrits. Car l'auteur de l'Education sentimentale tenait beaucoup à ce qu'il appelait son «exigence d'impersonnalité»: ne pas