Menu
Libération
Critique

Scorsese raconte Little Italy par le menu.

Article réservé aux abonnés
«Mes Parents, ces chers inconnus» : «Italianamerican», de Martin Scorsese. Arte, dimanche, 23 h 40.
publié le 23 juin 2001 à 1h20

En 1974, un an avant Taxi Driver, Scorsese filme ses parents. Chez eux, à New York, parmi les bibelots kitsch. Sur leur canapé recouvert de plastique, ils ressemblent à un couple de perruches rondes sur une balançoire. Elle s'approche, il s'éloigne. Catherine et Charles Scorsese s'agacent mutuellement. Gentiment. Trop d'années passées ensemble. «Il ne me parle plus», se plaint-elle. «Qu'est-ce qu'elle veut que je lui dise?», s'emporte-t-il. Voilà pour les amuse-gueules du vieux couple. Très vite, on passe à table. Sans trop de résistance, Martin S. redevient le petit «Marty» et autour d'une bonne bouteille, les langues se délient. Les histoires fusent tandis que dans la cuisine, LA sauce mijote. Catherine, à ses fourneaux, dans son élément, fière de son savoir-faire. Cette fameuse sauce pour les boulettes de viande (dont la recette figure d'ailleurs au générique) sert de joli prétexte à ce «docu spaghetti», hommage d'un fils à ses racines. Pas d'étonnement: les parents sont d'excellents conteurs. Grâce à l'évocation de leurs aînés ­ ces immigrés débarqués à Ellis Island après trente jours de bateau ­, de la grand-mère couturière, des appartements trop petits et pleins d'enfants... le New York du début du siècle défile, quand les petits Italiens coursaient les gamins irlandais pour le même territoire. Il y a aussi ce moment de tendresse paternelle, quand le père s'interrompt en plein récit pour dire à son fils Martin de soigner sa dent. Luciano Charles Scorsese est mort en 19