1967, Jimmy «Baby Face» Boyle est, en Ecosse, l'ennemi public numéro 1, né dans les bas-fonds d'une cité minière, membre d'un gang. Les images de l'époque montrent sa belle gueule de voyou, condamné à la perpétuité pour divers crimes. «La réclusion criminelle à perpétuité est une des pires choses qui puissent arriver. J'avais 20 ans, ma vie était finie. Je voulais pleurer, crier, hurler, mais je ne pouvais pas.» Dans une prison française, un détenu explique: «Quand j'ai pris la réclusion criminelle à perpétuité, je me suis vu mort, il n'y a pas de mots pour décrire. J'ai mis trois à quatre ans pour refaire surface.» En prison, après des années de révolte et de traitements très spéciaux (nu dans une cellule, «j'étais devenu un animal»), Boyle est devenu sculpteur par la grâce d'un atelier d'art-thérapie. Sa rage, il l'a mise dans ses oeuvres et c'est un artiste célèbre qui est sorti de prison après vingt-six ans. Voilà le propos de cette soirée Arte. Avec Boyle comme fil conducteur, la caméra de Jean-Pierre Krief parcourt les ateliers d'art carcéral en France.
A Moulins, un prisonnier tapisse de bleu un carré de soie. Il dit: «J'y mets tout mon coeur. Le rêve ici n'existe pas, je fais ça pour réfléchir.» A Châteaudun, Luis, que Léonard de Vinci inspire, peint dans sa cellule et enfourne ses toiles sous son matelas, plus de cinquante. A Fleury-Mérogis, une femme s'acharne sur de la glaise: «S'ils se rendaient compte de ce que cela nous apporte, peut-être qu'ils le supprimeraien