Fannie Hurst écrit des mélodrames où les petites souffrances de ses lectrices trouvent un miroir aux proportions démesurées. Au cinéma, des torrents de larmes ont mouillé les fauteuils des cinémas qui passaient les films de John Stahl et Douglas Sirk, les deux réalisateurs qui ont su le mieux trouver un équivalent visuel à ces histoires plus grandes que la vie. De John Stahl, on connaît surtout Péché mortel, cruelle contamination par la jalousie et le Technicolor de la beauté d'une femme, la plus belle des femmes, Gene Tierney. Quatre ans plus tôt, en 1941, Stahl dirigeait Barbara Stanwyck et Adolphe Menjou dans Back Street, une histoire tirée elle aussi d'un roman de Fannie Hurst. Il y racontait, avec un détachement presque mizoguchien, la passion d'une femme pour un homme marié, amour piétiné, humilié, que le noir et blanc de Karl Freund empêchait de céder à la tentation du pathos.
Mais les plus beaux Stahl, les plus secs, les plus étranges, ce sont Magnificent Obsession et Imitation of Life. Sirk a donné à ces deux mélos une telle perfection qu'on n'imaginait pas que Stahl en avait réalisé, une vingtaine d'années plus tôt, les versions originales. Quand on connaît la splendeur baroque du Imitation of Life de Sirk, on a du mal à se persuader que c'est un remake (la pauvre Christine Haas s'est d'ailleurs emmêlé les pinceaux dans sa pitoyable présentation du film au Club, l'émission-vitrine de Ciné Classics). Dans la sublime version originale d'Imitation of Life, les deux vie