Beau plateau pour cette émission d'une heure consacrée à la torture en Algérie, avec en vedette le désormais inévitable général Aussaresses. Mais beau plateau quelque peu gâché par la brièveté des entretiens et surtout la raideur de la présentatrice Elise Lucet. Il fallait se méfier: «Pièces à conviction», «aveux»...: tout cela sent plus la pratique judiciaire que le travail historique. La forme, comme l'interview totalement ratée d'Aussaresses, ne parvient toutefois pas à gâcher le fond.
Le reportage que l'équipe de France 3 a eu l'opportunité de réaliser en Algérie est particulièrement intéressant (1). Avec d'anciennes victimes d'interrogatoires, la caméra revient sur les lieux mêmes des tortures: villa Sésini, villa des Roses sur les hauteurs d'Alger. La torture prend soudain une dimension concrète, palpable et l'effet est renforcé par la tranquillité avec laquelle les rescapés racontent leur passage entre les mains des soldats français. Au détour d'un récit, le scoop de France 3: Malika Koriche, qui participait alors aux opérations de terrorisme urbain à Alger, raconte son interrogatoire par un certain lieutenant Schmitt. Depuis, celui-ci est devenu chef d'état-major des armées, à l'époque de la guerre du Golfe. Interrogé par le Figaro, il a «nié formellement», tout en ajoutant qu'il ne se souvenait pas d'elle...
Autre moment fort, le témoignage d'Antonio Bastiani, ancien caporal du 1er REP, qui raconte les interrogatoires et les exécutions sommaires pratiquées par la Légi