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Libération
Critique

Saint-Cyr.

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Canal +, 21 h.
publié le 27 juin 2001 à 1h22

Quand un cinéaste décide de costumer ses personnages, la seule question à se poser, c'est: pourquoi? Pourquoi diable Patricia Mazuy a-t-elle tant travaillé à remonter le temps en compagnie de ces toutes jeunes filles et de cette grande comédienne toute pâle, Isabelle Huppert? Manière de superproduction distanciée et chichiteuse, qui inspire un drôle de respect mêlé de terreur, Saint-Cyr ne mériterait pas qu'on s'y arrête sans ce chantage au travail qu'il provoque. On évoquait il n'y a pas si longtemps, dans un feuilleton féminin un peu chaud, un concept qui resservira à l'occasion, celui de légoïsme, une forme nouvelle d'amour égocentré de tout ce qui fait surface, qui brille, qui fait briller les yeux ­ comme dans les plus belles briques Lego. Travailler à donner à des lèvres une couleur enfantine, à des joues une texture gamine, voilà le seul intérêt de Saint-Cyr, un film dont la virtuosité ne doit pas masquer cette part d'enfance joueuse après quoi Patricia Mazuy semble courir depuis ses débuts. Ailleurs, on appelle ça l'«innocence». Ailleurs encore, on dirait «école Pialat» d'après la furieuse chasse au naturel qui caractérise le dernier grand artiste caractériel du cinéma français.

Sans la sauvagerie de Sous le soleil de Satan (Pialat), le film en costumes et en jeunes filles de Patricia Mazuy cherche la compagnie d'autres petits diables bressonniens, du côté du délire, de la souffrance, du péché, ne réussissant qu'à côtoyer David Hamilton (au pire) ou le Cavalier très s