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Libération
Critique

La télé et son maître

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«Godard à la télé». Canal + Bleu, à minuit.
publié le 6 août 2001 à 0h20

Après Coluche, Tapie, Depardieu et en attendant Luchini ou Jamel Debbouze, Jean-Michel Royer poursuit son inventaire estival des bêtes de télévision avec ce Godard à la télé, déjà diffusé en mai 1999. Un épisode qui aurait pu tout aussi bien s'intituler «Godard et la télé», tant les archives dégotées à l'Institut national de l'audiovisuel tournent autour d'une seule thématique: les rapports tourmentés du cinéaste avec le médium de masse depuis quarante ans. Si l'on parvient à faire abstraction du très pénible montage de cette compilation-documentaire (un «à la manière de Godard» raté, avec intertitres, incrustations d'aphorismes, décalages entre sons et images), on prendra beaucoup de plaisir à revoir JLG moucher l'arrogant Daniel Bilalian, ou donner un cours de cadrage à Yves Mourousi. Le réalisateur du Mépris définit souvent la télévision comme l'antithèse du cinéma: celui-ci «crée des souvenirs», celle-là «fabrique de l'oubli»; devant le grand écran «on lève la tête», face au petit «on la baisse», etc. Godard est un homme de cinéma qui n'aime pas la télé et qui l'a dit à la télé, en utilisant les armes de la télé: prise de parole autoritaire, formules chocs, sens du spectacle. Ce qui n'a pas empêché la télé (et notamment Canal +) de reprendre à son compte les provocations de cet excellent «client». Visiblement pas dupe de cette récupération, Godard en a également profité pour avouer sa frustration: le cinéaste, qui a travaillé pour la télévision (France tour détour deux e