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Libération
Critique

Millau relève le gant

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«Les Rêves de la main», France 3, 1 h 05.
publié le 7 août 2001 à 0h21

Des peaux de cuir palpitent sur un fil, en noir et blanc, juste un instant. Telle une bulle de savon, l'élégance haute couture d'un défilé ganté éclate. Jean-Luc Calvain et Renaud Verbois rendent hommage à un métier presque disparu qui fit la richesse de Millau (Aveyron): le gant. Le côté tannerie est juste effleuré (à cause de l'odeur?) au profit du façonnage, et plus encore de l'histoire des ouvriers. Images d'archives et témoignages illustrent la grande époque, quand «les maisons avaient des représentants en Amérique» et que «les ouvriers gagnaient aussi bien leur vie que les institutrices». Un petit coup de colère pour «le salaire des femmes, forcément d'appoint, (à peine un quart). Un peu comme celui des ouvriers asiatiques d'aujourd'hui».

Pour souligner le trait, des images d'atelier, quelque part en Asie, où des presque adultes travaillent à un rythme infernal, très loin de notre législation du travail. Un gant de golf se fabrique pour 140 F (21,34 euros) en France, là-bas il revient à 1,5 $ (1,71 euros). La longue grève de 1934, six mois, marque le déclin de l'industrie, qui passe de 3 500 ouvriers à 85 aujourd'hui. Ceux qui témoignent, et dont le nom n'est dévoilé qu'au générique, expliquent la survie du métier, par le savoir-faire et le goût d'un artisanat de luxe.

Il faut des années pour apprendre à connaître une peau. «Si l'on tue la part onirique du travail, on tue l'ouvrier», glisse l'un d'eux. Ils ne portent plus l'épée, mais ne changeraient de métier pour rien