«Cette fois, ça sent vraiment le sapin», disait hier matin un salarié de France-Soir. Dans les locaux d'Aubervilliers, en banlieue parisienne, on se préparait au deuil. Un conseil d'administration extraordinaire devait se réunir dans l'après-midi pour décider le dépôt de bilan du quotidien. «On travaille comme si le journal devait paraître, mais ce n'est pas facile», soupirait Bernard Morrot, directeur de la rédaction.
Le conseil d'administration s'est effectivement réuni. Mais il a repoussé sa décision à mardi. Un sursis de quelques jours pour France-Soir. Un de plus, dans l'histoire tourmentée du quotidien, qui depuis son âge d'or, dans les années 1950-60, ne cesse de perdre de l'argent et des lecteurs.
Racheté pour un franc symbolique, il y a huit mois, par le groupe italien Poligrafici Editoriale, France-Soir perd toujours entre 8 et 10 millions de francs par mois (1,21 million à 1,52 million d'euros). «On ne peut pas continuer comme ça», déclarait à Libération, avant l'été, Giovanni Serafini, le directeur de la publication.
Sauvé par le fax. Pourquoi, dans ces conditions, avoir retardé la publication de l'acte de décès? A cause d'un fax. Tombé sur le télécopieur à 15 h 30, il demandait à Poligrafici de surseoir au dépôt de bilan et convoquait une réunion de la dernière chance pour lundi. Expéditeur: Xavier Ellie, président du Syndicat de la presse parisienne (SPP, représentant les patrons de quotidiens nationaux).
Le ton de la lettre était suffisamment convaincant pour que