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Libération
Critique

Les silences de Nezha.

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«Nezha la bonne», d'Anne Villacèque. Arte, 22 h 20.
publié le 17 août 2001 à 0h25

Nezha a 46 ans et travaille comme bonne depuis ses 6 ans. La réalisatrice aurait aimé «faire un film sur Marrakech, ses lumières, ses couleurs, ses silhouettes furtives entrevues», elle a finalement choisi de filmer Nezha. Les jours défilent, mais son travail reste le même. Se baisser, frotter, laver. Sans relâche.

Si le bébé de ses patrons ­ des coopérants français ­ pleure, elle le prend dans ses bras et continue de passer le balai tout en le réconfortant. De sa voix douce, lui reproche en arabe de l'empêcher de travailler.

Entre le golf et le tennis, le père s'attarde souvent dans la cuisine pour discuter pendant que Nezha fait la vaisselle ou le repassage. Il est amical, semble s'intéresser à elle et lui demande des nouvelles de son fils, Mounir, qui a pris le bateau clandestinement à Ceuta pour gagner l'Espagne : «Avec un billet d'avion, c'est quand même plus facile...», commente-t-il. Il discute de la situation politique au Maroc. Nezha se tait, continue de battre les tapis. La caméra la suit partout, discrète. Le soir, avec sa soeur et sa fille, elle boit du thé et semble enfin se détendre. Pour une fois, c'est elle qu'on sert.

«J'aime mon métier, ça me plaît beaucoup», affirme Nezha. Mais avoue qu'elle ne veut pas que ses filles fassent le même travail, qu'elle ne parvient pas à mettre de l'argent de côté malgré les conseils de ses patrons.

Nezha n'est pas ce qu'on appelle une esclave moderne. Mais ce que nous dévoile, avec tendresse, ce documentaire, c'est tout cet entr