Elles avaient entre 5 et 15 ans pendant la Grande Guerre. Six femmes d'Europe deux Françaises, deux Allemandes, une Belge et une Polonaise racontent: l'assassinat de Jaurès, les premières images de la guerre, des journées entières d'école à répéter les leçons de moralité glorifiant la patrie, les galoches à semelles de bois et, surtout, le froid, la faim et les queues interminables devant les magasins...
Les films d'archives, les photos, les tableaux de Chagall ou d'Otto Dix complètent leur récit de la guerre vue de l'intérieur. Des extraits du journal de Stefan Zweig apportent une dimension plus critique à ces mémoires d'enfants: «Ce sera une guerre jusqu'au dernier homme», pressent l'écrivain autrichien, dès 1914. Puis c'est la révolution russe. Chacune de ces femmes se sent portée par ce mouvement de révolte international. Elles s'engagent dans des mouvements divers (ligues de femmes pour la paix, groupes socialistes, partis communistes illégaux).
Zweig note, le 11 novembre 1918: «La guerre s'est cruellement vengée de ceux qui l'ont voulue. Empereurs, rois, diplomates, militaires, capitalistes; cet univers tombe en ruine. Les puissances ne sont jamais détruites, elles se détruisent elles-mêmes.» Très vite, ces femmes ont conscience que le traité de Versailles prépare une nouvelle guerre à l'Europe. Elles envoient des pétitions à la Société des nations, font pression pour obtenir une révision des traités.
C'est avec beaucoup de justesse que Michelle Rollin dresse le portr