«L'été 31, j'avais 11 ans.» Sur la plage, un petit garçon crâne pour l'éternité devant la caméra familiale. Les images défilent, abîmées, maladroites. Sur ces films amateurs trop longtemps restés au grenier, on voit d'insouciants jeux de plages, des courses en sac haletantes. Et des belles vêtues de maillots de bain peu propices au bronzage. Après le bain, de grands peignoirs couvrent encore une pudeur chatouilleuse. A l'époque, il arrivait même que les gardes-champêtre rappellent à l'ordre, tambour battant, les petits garçons qui osaient se promener torse nu. C'est du moins ce dont se souvient, très proustien, un certain Monsieur Paul, qui a exhumé les pellicules des étés de son enfance, dans les années 20, dans une grande maison de vacances, près de Deauville. Son père «travaillait en Bourse» et sa mère, très moderne, «fumait même dehors, avec un long fume-cigarette». On l'a compris, ce documentaire met résolument le cap sur la nostalgie. Alfred Behrens et Michael Kuball ont rassemblé des dizaines de films amateurs, tournés entre 1921 et 1958. Seule la logique chronologique est à l'oeuvre dans ce zapping de tranches de vie de plagistes. Plongées dans la mer Baltique, incursions sur la Côte d'Azur et autres promenades sur les jetées anglaises. Le plus souvent, les donateurs commentent eux-mêmes les scènes diffusées. Et restent parfois silencieux devant le garçon bouclé de 4 ans ou la fille avec couettes qu'ils ont été un jour. Le charme agit pendant une demi-heure environ p
Critique
Le ciel, la caméra et ta mère
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publié le 25 août 2001 à 0h29
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