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Libération
Critique

Dynamite balkanique.

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«Baril de poudre» (1998), film de Goran Paskaljevic, Arte, 20 h 45.
publié le 27 août 2001 à 0h29

Le boxeur vient de dégoupiller la grenade. Il serre contre lui une belle inconnue en larmes, qu'il vient de rencontrer dans le compartiment d'un train de nuit et qu'il a choisie pour l'accompagner dans l'au-delà. Le film de Goran Paskaljevic, point d'orgue et sommet du cycle de cinéma yougoslave programmé par Arte, est tout entier à l'image de cette scène: une suite ininterrompue de déflagrations qui atteint son paroxysme dans la séquence finale. Un fil tendu qui, toujours, finit par rompre.

Servi par une mise en scène habile et efficace, le récit est conduit à un train d'enfer. Les destins d'une pléthore de personnages, les nerfs à vif, s'entrelacent le temps d'une nuit dramatique à Belgrade, où le pire est toujours de mise. Pas d'échappatoire possible: la Serbie de Milosevic, saisie à la veille des bombardements de l'Otan, est un ogre qui dévore inexorablement ses propres enfants.

«Pourquoi êtes-vous venus me voir ?», demande le travesti du cabaret Balkans. «Parce que je suis différent ? Parce que je suis hideux ?» Le film s'ouvre sur cette mise en garde au spectateur, singulièrement l'Occidental, tout à la fois fasciné et dégoûté par la violence que déversent depuis dix ans les Balkans. Les personnages qui se déchirent à l'écran sont humains, trop humains, tour à tour victimes et bourreaux. Le chauffeur de taxi retrouve le policier infirme qu'il a démoli pour se venger du tabassage qui l'avait laissé impuissant. Il lui offre une bière, lui révèle qu'il est l'auteur de son m