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Libération
Critique

Les Oiseaux

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Ciné Cinémas 3, 14 h 40.
publié le 3 septembre 2001 à 0h42

Un ami vous fait une scène, c'est du cinéma. Un ami vous quitte, c'est presque toujours du théâtre. Ou mieux, du Grand Guignol, du nom de ces représentations expressionnistes et saignantes d'avant le cinéma où l'on s'étripait sur scène à grand renfort de sang de boeuf et de trucages grandiloquents, trucages dont Méliès fera bon usage sur ses écrans forains. Hitchcock s'y connaissait en cinéma, en théâtre, et plus encore en Grand Guignol, comme le prouvent les Oiseaux et Psychose, mais il n'a jamais filmé une scène de ménage entre deux amis, encore moins une brouille. L'amitié, Hitchcock n'en avait rien à foutre. Il préférait parler d'amour, de meurtre ou des deux à la fois. Les deux à la fois, c'est toujours mieux. Il s'agit pourtant au départ d'amitié dans les Oiseaux, une drôle d'amitié amoureuse entre une femme, Tippi Hedren, et un homme venu acheter un couple d'oiseaux, des inséparables, pour en faire cadeau à sa petite soeur. Tippi Hedren rencontre donc en même temps des oiseaux et l'homme de sa vie, celui qui la sauvera précisément d'autres oiseaux, nettement plus agressifs.

Comment faire ami-ami avec un oiseau? Ça ne se fait pas. Les oiseaux, c'est comme les poissons, c'est pour les âmes solitaires, les petites filles qui n'ont pas d'amis, qui n'en auront jamais. Pour ces petites filles, c'est l'amour ou rien. Tout ça pour dire, pour rappeler plutôt, qu'à la fin des Oiseaux, quand la catastrophe est passée, que le petit groupe de survivants s'engouffre dans la voiture