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Libération
Critique

Wichita.

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TCM, 17 h 30.
publié le 7 septembre 2001 à 0h45

Le petit mur jaune de Vermeer, la robe d'un jaune presque identique que porte Ann Sheridan dans Appointment in Honduras, ce n'est pas un hasard. Chez Tourneur, chez Vermeer, les détails apparaissent comme des illuminations, ils trouent les toiles, ils déchirent les plans. Au spectateur qui passe de comprendre que c'est le détail qui fait centre, qu'il n'y a rien d'autre à voir que cette beauté décentrée, ce presque rien qui décolore le monde. Libre à Coursodon et Tavernier (50 ans de cinéma américain/Omnibus) de dénoncer «l'attachement fétichiste de certains cinéphiles pour une oeuvrette qui paraît aujourd'hui à la limite du nanar» et d'affirmer, sans avoir peur du ridicule, que «la "robe" jaune, si souvent invoquée, d'Ann Sheridan est en fait un déshabillé qu'elle enfile par-dessus sa chemise de nuit avant de s'enfoncer dans la jungle guatémaltèque». Si je décide que c'est une robe, c'est une robe. Le cinéma n'est fait que de souvenirs, ils ont toujours raison contre les révisionnistes d'un «art» qui n'en est pas un, comprenne qui pourra.

Tout ça pour dire que Wichita (Un jeu risqué) ne se jauge évidemment pas à ce genre de révision. Les films sont faits pour n'être vus qu'une seule fois, la première, celle qui compte ­ et les yeux bleus de Wyatt Earp et de ses deux frères dans Wichita ne changeront pas de couleur même si dix mille Tavernier prouvent qu'ils sont gris, verts, ou bleu- blanc-rouge. Si je les ai vus bleus il y a trente ou quarante ans, ils resteront bleus. C'es