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Libération
Critique

A la recherche de Marcel Proust.

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publié le 15 septembre 2001 à 0h49

Le proustomane, cet intégriste, ressent chaque nouvelle adaptation de la Recherche comme un châtiment inutile et cruel. Le révulse la simple idée qu'on puisse aller piocher dans les quinze volumes de la NRF matière à découpage technique. Le proustomane n'est pas un gars très marrant, mais il a de bonnes raisons de se méfier: Losey, Visconti, Welles, etc. ont préféré renoncer, Schlöndorff est passé à l'acte avec un résultat éminemment contestable (Un amour de Swann). En 1999, la tentative de Raoul Ruiz et de son scénariste Gilles Taurand s'est soldée par un nouvel échec, mais au moins leur film montre-t-il des signes d'intelligence avec l'oeuvre. A priori, ça se présente mal. Les deux hommes se cantonnent au dernier tome d'A la recherche du temps perdu, celui où tout se «résout», et tant pis pour ceux qui auraient manqué les épisodes précédents. Ils prennent le parti de fusionner Proust et le narrateur (qui devient «Marcel»). Marcel n'aurait pas aimé. Les dialogues sont de pure synthèse, alourdis par l'introduction appuyée de repères sur l'oeuvre et la psychologie des personnages. Le tout dans un luxe étouffant de décors et d'acteurs: Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, John Malkovich, Marie-France Pisier, Chiara Mastroianni. C'est dire si le navire était peu maniable. Ruiz parvient pourtant à s'en sortir, ça et là, grâce à de curieuses séquences oniriques, qui mettent tous les artifices du cinéma (surimpressions, décors mobiles, etc.) au service, disons, d'un au-delà du tex