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Libération
Critique

Pierre de Sisyphe.

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«Pierre ou, Les ambiguïtés» (1, 2 et 3/3). Arte, de 22 h 30 à 1 h 25.
publié le 24 septembre 2001 à 0h53

On restera toujours redevable à Leos Carax du choc esthétique provoqué par Boy Meets Girl, son coup d'essai-coup de maître vieux de (déjà!) dix-sept ans. Le jeune réalisateur retrouva la même urgence de filmer comme on respire, le même romantisme fiévreux dans Mauvais sang (1986), la couleur en plus. Les choses ont commencé à se détériorer avec les Amants du Pont-Neuf (1991), film trop bien désiré et trop mal produit, qui faisait curieusement penser à une ébauche a posteriori des deux splendeurs précédentes. Mais ce n'était rien à côté de la déception de Pola X, l'un des films les plus attendus de la décennie passée et, malheureusement, l'un des plus ratés. C'est ce film, rallongé de quarante minutes et découpé en trois épisodes, qui est présenté ce soir sur Arte avec un nouveau titre: Pierre ou, Les Ambiguïtés, emprunté au roman d'Herman Melville dont Pola X était l'adaptation.

Ce film devenu feuilleton-événement devait à l'origine être diffusé sur trois prime time consécutifs, mais Arte a prudemment préféré balancer les trois épisodes d'une seule traite un lundi soir, avec début tardif à 22 h 30 et fin prévue à 1 h 25 du matin... Dommage pour Carax qui ne va pas gagner beaucoup de spectateurs dans l'opération, mais on peut comprendre les réticences. Si les séquences inédites donnent au film un supplément d'onirisme, et donc d'ambiguïté bienvenue, le problème de fond demeure. A savoir que ce récit initiatique d'un jeune écrivain gâté renonçant à la gloire, à l'argent et à la