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Libération
Critique

Y aura-t-il de la neige à Noël?

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Ciné Cinémas 1, 15 h 50.
publié le 24 septembre 2001 à 0h53

Le son métallique d'une boîte à musique, une comptine au piano. Le titre neigeux du film de Sandrine Veysset, sorti à l'orée de l'hiver 1996, promettait lui aussi un conte merveilleux. Mais à l'image d'abord, des bottes de foin. Une cour de ferme. Une fontaine où on lave ses mains boueuses. Des travaux pénibles, des gestes répétitifs, sales. La mère «fait les radis» dans le hangar. Jeanne prépare les saucisses-purée. Les mots sont à moitié mangés, les insultes mal articulées.

Mais de la banalité sort, plus violemment encore, la tendresse d'une mère presque sainte pour ses enfants bâtards. Une fée qui cueillerait les tomates, éplucherait les poireaux, une fée qui deviendrait Carabosse les nuits de Noël. De l'ordinaire surgissent le sordide ­ fantasmes d'inceste, fantasmes d'infanticides ­, et le merveilleux. Les enfants sont sept, comme les nains de Blanche-Neige. Sept «cailloux», dit la mère, comme les sept garçons du Petit Poucet. Ils chahutent et chantonnent, «Promenons-nous dans les bois...» Mais le loup y est, «le père», comme tout le monde l'appelle. Celui qui fait des siestes avec la mère l'après-midi, celui qui lance, satisfait: «Je t'ai quand même fait de beaux enfants, va!», sans jamais dire «mes» enfants. Celui qui s'est surtout fait de beaux ouvriers agricoles. Pas vraiment un monstre, plutôt un homme qui aime mal, ou pas comme un père doit aimer.

Comme les contes, le film n'a pas vraiment d'époque. Il est porté par le temps de la ferme, ces heures marquées par les