A l'instar d'une récente et crétine comédie musicale, Hollywood s'est toujours mal accommodé de la psychologie des personnages de Notre-Dame de Paris. Et l'intrigue violemment dramatique du roman de Hugo a toujours été triturée, édulcorée. Bref, affaiblie. Dès la première adaptation cinématographique, en 1923, The Hunchback of Notre-Dame (diffusée pour la toute première fois ce soir, 20 h 30), Wallace Worsley éprouve certains scrupules à occire Phoebus et Esméralda. Seul Quasimodo, le monstre carillonneur, s'éteint dans un élan pathétique. L'épilogue du charnier de Montfaucon, où Hugo exhume un squelette difforme étreignant celui d'une femme, disparaît donc de cet «Hollywood pensum». Il en sera de même seize ans plus tard dans la version parlante et bavarde de William Dieterle (22 h 05), avec Charles Laughton en Quasimodo docile.
En confrontant, comme au jeu des sept erreurs, la trame hugolienne à ces deux versions, les bases mêmes du cinéma à grand spectacle hollywoodien apparaissent: manichéennes à souhait derrière une débauche de décors. Ceux de Worsley figurent parmi les plus coûteux du cinéma muet. L'intérêt de cette superproduction se reporte finalement sur le bossu. Composition inaugurée par Lon Chaney, «l'homme aux mille visages». Méconnaissable sous son maquillage et sa cuirasse bosselée de 35 kilos, il arrive par ses contorsions et acrobaties à recentrer le film dans sa vocation gothique. Un drame médiéval à lui seul. Qui n'avait guère besoin de l'habillage musi