Sur Arte, la Lucarne abandonne les nocturnes du mercredi, qu'elle squattait depuis trois ans, pour le samedi, tard comme toujours, fenêtre allumée «dans le silence de la nuit», là où l'attention du spectateur se mue le plus facilement en étonnement envers des essais filmés à la poétique singulière, somnambulique. Pour la seule programmation de ce premier trimestre, on se damnerait: imaginez seulement une salle ou une galerie à Paris qui puisse se targuer de ces neuf trouvailles, pour la plupart inédites sinon coproduites par la Lucarne: le poignant Bonne Nouvelle de Vincent Dieutre (le 6 octobre), l'ébouriffant Highway de Sergeï Dvortsevoy (le 20 octobre), deux soirées complètement opiumées offertes à Yervant Gianikian et Angela Ricci-Lucci (les 3 et 10 novembre), dont l'une comprenant leur tout nouveau Images d'Orient/tourisme vandale, deux nuits ensuite absolument dévouées à Naomi Kawase et ses essais vidéo, entre journal filmé et affabulations chroniques (Embracing, le 8 décembre et KyaKaRaBaA, le 15 décembre), la Petite Conversation familiale de Hélène Lapiower (le 22 décembre) et enfin Une étoile et moi, de Mathilde Mignon (le 29 décembre).
Entrée en matière ce week-end avec l'époustouflante Elégie de la traversée qui scelle notre réconciliation avec le cinéma d'Alexandre Sokourov. Ceux qui s'agacèrent progressivement de ses déformations d'optique et soupçonnaient l'auteur du Jour de l'éclipse d'une lente dérive maniériste engorgée, doivent se rendre à l'élégiaque éviden