Le titre ne ment pas. Deux hommes et une armoire, le court métrage de fin d'études de Roman Polanski (1958), est effectivement le récit en douze minutes des tribulations, muettes et en noir et blanc, de deux hommes et d'une armoire à glace. Telle Vénus, ils sont sortis des flots, avec leur profil de déménageurs à casquette et bretelles, et arrivent, avec leur armoire sur le dos, confiants, vers la ville. Incapables de rentrer dans le tramway, empêchés de draguer, virés des restaurants, les deux hommes finissent par se faire bastonner par des voyous et par la police... Sur fond de musique jazzy, le réalisateur, alors âgé de 25 ans, suit l'exclusion drolatique de ces pauvres bougres, sans jamais quitter la poésie et le burlesque. En revanche, le climat vire à l'angoissant dans l'excellent court la Lampe, réalisé en 1959. Entouré de membres, de têtes de caoutchouc et de rangées d'yeux de verre, un vieil homme fabrique des poupées, à la lumière de sa lampe à pétrole, au son de son horloge à coucou. Le temps a passé, l'électricité est installée. On suit le fil électrique comme les traces de pas d'un assassin. A la lumière de l'ampoule nue, les poupées sont laides, inanimées, éborgnées, le crâne défoncé. Mais le feu qui embrase le compteur électrique va les faire revivre pour une dernière agonie... Enfin, pour Cassons le bal, l'étudiant Polanski a organisé une fête dans sa propre école polonaise de cinéma et invité des jeunes hooligans à se mêler progressivement aux étudiants, pou
Critique
Débuts de Roman
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par Sonya Faure
publié le 1er octobre 2001 à 1h08
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