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Libération
Critique

Le Retour du Jedi

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Canal +, 16 h 20.
publié le 1er octobre 2001 à 1h08

Attendre, il n'y a rien d'autre à faire. L'enfant attend bien, lui. Il attend celui qui lui dira que le moment est arrivé. Comme si un moment arrivait jamais. Bien sûr que non. Bien sûr que jamais. Le problème, c'est que «jamais» est un concept d'adulte. Alors, l'enfant attend d'être adulte pour comprendre que «jamais» ne vient jamais. Il attend d'être adulte pour comprendre qu'il a attendu en vain, pour comprendre qu'il n'y a rien à attendre, qu'il n'y a rien. Rien à la fin, rien au bout du chemin. Pas même le chemin, pas même le «rien», pas même le «même». Rien, c'est tout.

Le Jedi ne vient pas, il ne revient pas. Au cinéma, on appelle ça la fin. On appelait ça la fin. Les films, aujourd'hui, demain, n'ont plus de fin, ils n'ont que des suites. Ça ne finit jamais, ça ne finira jamais. A ce moment, à ce moment précis, Chewbacca fait exploser le vaisseau spatial ennemi et l'enfant bat des mains. Il appelle papa, il appelle maman, pour qu'ils viennent voir comme c'est joli. L'enfant n'a pas de papa, pas de maman, mais il appelle quand même. On appelle toujours son père et sa mère trop tôt ou trop tard, quand il ne faut pas, quand ils ne sont pas là, quand ils sont partis. Appeler son père et sa mère quand ils sont partis, c'est ce qu'on appelle «vivre». Aller de l'avant, appeler. Ne rien trouver. Appeler encore. Appeler son père et sa mère quand ils ne sont pas là, c'est ce qu'on appelle aussi «rêver». Rêver, c'est aller au cinéma, aller à la télévision, applaudir, crier. Vivr