Au squat de la rue Blanche, dans le IXe arrondissement de Paris, pas d'arrivée d'eau. Mais au milieu des tableaux, des sculptures, des matelas et des pots de peinture, un PC pourvu d'une con nexion Internet à haut débit: 500 kilobits par seconde, grâce à la technologie ADSL, pourtant encore peu répandue en France. Un cas isolé? «Non, la plupart des squats possèdent une connexion à l'Internet», dit Davis Dutreix, artiste squatteur depuis plus de dix ans.
C'est lui qui, le premier, a introduit un ordinateur dans un squat français, y sacrifiant l'équivalent de cinq mois de RMI. «L'accueil a été plutôt hostile. Il y avait une forme de résistance idéologique contre l'univers de l'informatique, souvent associé à Microsoft», se souvient-il. Mais, depuis trois ans, les mentalités évoluent. Et de nombreux squatteurs disposent aujourd'hui d'adresses électroniques Hotmail ou Vizzavi, services de mail gratuits proposés par les tentaculaires Microsoft et Vivendi.
Outil. Dans la plupart des immeubles occupés, «on récupère du matos à droite à gauche, et on reconstruit des machines avec des bouts d'ordi», raconte Simon, membre du collectif Maloka, un squat dijonnais qui possède même son propre site web. «Les squatteurs ont enfin compris ce que pouvait leur apporter Internet», témoigne Davis Dutreix.
Le Net est d'abord un outil politique efficace. Grâce à lui, les élus ne voient plus le squat comme un dossier local en instance de règlement mais comme une bombe susceptible de créer un mouvement