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Libération
Critique

Bouillie touristique.

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Fès, Meknès, Arte, 19 h.
publié le 18 octobre 2001 à 1h18

Caméra en bandoulière sur le chemin de l'enfance, Bernard Queysanne, à qui l'on doit surtout l'adaptation cinématographique d'Un homme qui dort de Georges Perec, (prix Jean Vigo 1973), promène ses souvenirs vacillants dans les ruelles de Fès et de Meknès. Avec une vision faussement émerveillée de ces villes impériales. Oh! les rues de la médina, en effervescence l'après-midi et si désertes au matin. Oh! un homme qui fait des courses. Champ contre-champ avec un troupeau de moutons, Queysanne stigmatise grossièrement les hordes de touristes. Intègre une séquence de mauvais film amateur à son carnet de voyage pour se démarquer de ce qu'il nomme «le clic-clac merci Kodak». Mais l'indigence de son commentaire, s'égarant sur la recette de la pastilla ou le cul d'un âne, l'en rapproche sans cesse. Morceaux choisis: «Les riads, lieux magiques propices à une étape inoubliable»; «les room-services des hôtels sont toujours fermés à l'aube».

Il faut attendre cet ouvrier restaurant patiemment le stuc d'une merdersa, la précision d'un menuisier assemblant les pièces d'un moucharabieh, pour que le réalisateur ravale son micro. La poésie s'écoule alors au goutte-à-goutte. Dans cette trop brève rencontre avec Ahmed sur la tombe éventrée d'un marabout. Dans l'éclat de rire de ces fillettes qui moquent avec raison «Ali Baba», le réalisateur à barbe blanche, ou devant cette classe dépouillée et son institutrice vaporeuse. Malheureusement, le zapping touristique reprend aux abords de Meknès. La v