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Libération
Critique

Je vous salue Marie

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CinéFaz, 15 h 10.
publié le 22 octobre 2001 à 1h20

Chère Marie. Je n'ai pas eu le temps de t'écrire. Faire un arrêt sur images, c'est trop dur pour moi, d'autres le font à ma place. Ils le font mal, mais entre nous, c'est leur problème. Je t'aime, Marie, je t'aime depuis le premier jour. Jean-Luc s'est mis entre nous depuis ce film qu'il t'a dédié, Je vous salue Marie. C'est un simple malentendu. Un jour, on se connaissait à peine, il m'a agressé. J'en garde encore le goût dans la bouche. C'est un grand cinéaste mais c'est un sadique. Je l'aime, pourtant. Pas autant que toi, ma petite juive, ma Marie. Mais enfin, je l'aime d'amour. Comme disait Robert Frank, Godard, c'est Monsieur Cinéma. C'est exactement ça, même s'il n'aimerait pas qu'on l'appelle comme ça. Jean-Luc, il me torturait, rappelle-toi. «C'est quoi le sujet du film? Répondez! Répondez!» J'étais terrorisé. Je vous salue Marie, bien sûr que je sais de quoi ça parle. Mais comment lui dire? Il était congestionné, tout rouge, comment lui répondre? Des années après, je n'ose même plus écouter les bandes. La terreur, c'était la terreur.

Je n'aime pas beaucoup Je vous salue Marie, je lui ai dit. Il l'a mal pris. Il n'y a que lui, il n'y a que Dieu qui puisse critiquer le travail de Dieu. Marie, je l'aime. Elle est juive, elle est belle, son père était un grand hassid, un grand rabbin. Tu vois, Marie, je parle de toi à la troisième personne. Je t'aime mais tu m'intimides. Si je n'avais pas peur de passer pour un hérétique, je dirais que tu es ma petite femme, Marie. Ton c