Berlin correspondance
Les Allemands ne savent parler de Leo Kirch qu'avec excès. «Empereur», «tsar» pour les uns, «truqueur», voire «criminel» pour les autres. Leo Kirch fait peur. Ces derniers jours, la presse se délectait une nouvelle fois de ses démêlés avec les héritiers d'Axel Springer Verlag, l'éditeur du célèbre Bildzeitung (1). Devenu quasiment aveugle à la suite d'une crise de diabète, Leo Kirch continue à tirer les ficelles de son groupe depuis Munich, où il s'est implanté dans les années 60. N'apparaissant que très rarement en public ses salariés connaissent à peine son visage , le très catholique et conservateur Leo Kirch, ami intime du chancelier Kohl, a fêté hier sans flonflons ses 75 ans.
Sulfureux et romanesque. Originaire de Franconie, ce fils de plombier né à Würzburg a réussi, à partir de rien, à bâtir un empire impressionnant de chaînes de télé, de catalogues de droits audiovisuels, de sociétés de production et de participations dans la presse. Placé en 26e position des plus grandes fortunes allemandes, Leo Kirch est pourtant loin derrière la famille Mohn, fondatrice du groupe Bertelsmann. Le rival de toujours. Pourtant, dans le milieu de l'audiovisuel, Leo Kirch est aussi célèbre que son ami Silvio Berlusconi, ou même Rupert Murdoch. Leo Kirch est à l'Allemagne ce que Robert Hersant fut à la France. Un personnage tout à la fois puissant, sulfureux et romanesque, toujours à l'affût de la position clé. Encore récemment, le Citizen Kane allemand a acheté,